C’est en 2018 que ce grand projet de construire une nouvelle vision pour notre pays a démarré, une vision de longue portée. Citoyens du ciel, mais aussi citoyens d’un pays sur Terre, nous devons travailler à le rendre beau et prospère. C’était ça : Haiti We Want (Ayiti nou vle a), mais celle-ci nous devons la bâtir : Ayiti N Ap Bati a. Le modèle est aussi tiré de la Bible.
En janvier 2020, la toute première version de la Vision 2050 était prête.
Cette grande aventure fait naître tous les espoirs des citoyens haïtiens que nous sommes, de réussir aussi cet exploit pour le pays.
Il a fallu, dans un premier temps, ramener les quatre (4) grandes organisations les plus importantes du secteur protestant sur la table de négociation. Servant le même Dieu, des différends, cependant existent et il a fallu les aplanir. Aidés par un adroit négociateur qui a su orienter les discussions, sans intervenir lui-même dans les débats, les responsables de ces quatre grands groupes ont discuté entre eux jusqu’à traiter les points de divergence, d’incompréhension, les points sensibles qui les séparaient. Avec ce temps de réflexion, de discussion, de prière, qui s’est terminé par une retraite, ces pourparlers ont créé le climat favorable pour jeter les bases de ce grand projet, à savoir créer une vision commune pour 2050 pour notre pays. Ces débats ont été une source de bénédictions pour tous et toutes. C’est aussi un bel exemple qui démontre que le « chita pale » sincère entre les fils et les filles de la Nation peut aider à développer l’unité dans la diversité, la fraternité, le respect mutuel, l’harmonie nécessaires à toute réussite collective. Le dialogue est possible pour se comprendre et s’unir pour construire ensemble sur notre patrimoine commun.
Ainsi, les quatre (4) grandes organisations faîtières que sont la Fédération Protestante d’Haïti (FPH), la Conférence Nationale Spirituelle des Églises d’Haïti (CONASPEH), la Fédération des Pasteurs du Grand Nord (FEPAGNO) et le Concile des Églises Évangéliques d’Haïti (CEEH), et un ensemble d’Églises, Regroupements d’Églises, Missions, Organisations et Ligues d’églises, et de citoyens et citoyennes issus de la communauté protestante d’Haïti s’unissent dans cette contribution citoyenne, spirituelle et non partisane, à l’édification de la Nation haïtienne à laquelle nous aspirons tous.
Notre démarche part du franc constat de nos échecs présents pour esquisser une vision pour l’Haïti de demain, une vision attrayante et réaliste, fondée sur des valeurs fortes et susceptible d’inspirer les cœurs et de porter à l’action les citoyens de bonne volonté. Nous voulons vivement voir, à l’horizon 2050, une Haïti nouveau, où le citoyen exerce ses droits et s’épanouit dans la jouissance du bien-être. Ensuite, nous avons formulé certaines recommandations à la Nation, particulièrement à l’État et à la société, pour les inviter à jouer pleinement leur rôle et créer le cadre propice à l’Haïti que l’Église, en collaboration avec divers autres acteurs, se reconnaît appelée à bâtir.
Nos recommandations ont été regroupées suivants 13 thèmes-clés qui ont permis de couvrir l’ensemble des réalités sociopolitiques, économiques et humaines qui préoccupent tout citoyen. Enfin, conscients de notre part de responsabilité dans la situation présente du pays, nous nous sommes engagés sur une série d’actions en relation aux 13 thèmes considérés.
Nous continuerons de prier et de prêcher, mais notre but est d’adopter une attitude plus délibérée dans nos actions, convaincus que nous sommes de la valeur de notre exemple et de l’importance de notre participation citoyenne.
Nous voulons d’abord reconnaître nos erreurs et nos errements et jeter un regard franc en nous-mêmes pour voir toute la laideur de nos luttes, de nos égoïsmes, de notre arrogance, de nos querelles vaines et de nos compromissions. Mea culpa, nous avons péché et l’Église veut être la première à le reconnaître ! En tant qu’autorité morale, l’Église entend prêcher par l’exemple et montrer que la voie de la restauration passe par une repentance sincère et une reconnaissance honnête de ses fautes. « Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom, s’humilie… »[1] Une Église fidèle aux idéaux bibliques de son chef Jésus-Christ mais aussi qui « donne à César ce qui est à César » et assume pleinement son rôle en étant ‘sel et lumière’. En s’engageant, l’Église ne renonce pas à sa mission première de proclamer au monde l’amour de Dieu pour le salut et la restauration des cœurs brisés. Cependant, elle entend promouvoir un évangile de dimension intégrale qui dessert non seulement l’âme mais aussi le corps et les besoins les plus fondamentaux des humains, promouvant la vie dans toute sa plénitude.
Cette initiative entreprise par nous-mêmes, en Haïti, n’est certes pas la première de ce genre dans le monde. Des églises ont lancé des initiatives pareilles dans plusieurs pays confrontés à des impasses sociopolitiques (Rwanda, Zimbabwe, Afrique du Sud et Corée du Sud). Ces initiatives ont porté du fruit et ces pays ont pu, dans la majorité des cas, redresser la barre. Là où les églises ont élevé la voix pour dire non et crier haro, leur crédibilité s’en est retrouvée renforcée, et la situation des pays concernés a connu un changement. Dieu a honoré leur fidélité et leur initiative a porté fruit.
Nous comparons notre démarche à celle du gouverneur visionnaire d’Israël, Néhémie, qui, ayant constaté l’état de ruines et de désolation de Jérusalem, a crié sa colère, entrepris des démarches et mené des actions, avec prière et dynamisme, pour le relèvement de la cité de ses ancêtres. Il a conduit des réformes spirituelles et morales et rallié plusieurs concitoyens à sa cause en disant : « Levons-nous et bâtissons ! »[2]
C’est un appel similaire que nous lançons aujourd’hui à tout haïtien et haïtienne de bonne volonté pour qu’ensemble, nous donnions vie à l’Haïti que nous bâtissons. Puisse le Seigneur nous accompagner !